La vie du sol - Champignons - Les Actinomycètes

Publié le par Clem

Les Actinomycètes

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Les actinomycètes (Actinobacteria Lynn Margulis, 1974) sont un groupe d'eubactéries Gram-positives. La plupart d'entre elles se trouvent dans le sol, et elles comprennent quelques-uns des principaux acteurs de la vie du sol, y jouant un rôle important dans la décomposition des matières organiques, comme la cellulose et la chitine. C'est le regroupement des bactéries sous forme d'« arbre » qui utilise ses cystes (fruits), ici des endospores, afin de résister à un milieu nutritif défavorable (par exemple, présence de myxomycètes dans le milieu).


Le groupe des actinomycètes et nocardias a souvent été présenté comme à cheval entre microbes et champignons. Il fut décrit par certains parmi les mycoses, par d'autres parmi les infections bactériennes. Il se rapproche en fait des champignons essentiellement par l'existence de filaments ramifiés, ressemblance morphologique assez superficielle. La phylogénie moléculaire a montré sans appel l'appartenance du groupe aux Eubactéries ; cette phylogénie est soutenue morphologiquement par la finesse de ces filaments (maximum 1 micron, les filaments mycéliens allant de 2 à 5 microns) et par le fait que, en culture surtout, ces filaments se fragmentent au point de ressembler beaucoup à des bacilles (aspect simlaire à celui des corynaebactéries). Par ailleurs, la composition de leur paroi et corrélativement leurs sensibilité aux antibiotiques les rapprochent des eubactéries.

La majorité des espèces sont saprophytes ou commensales ; quelques unes peuvent être pathogènes chez des individus à résistance affaiblie.

Les actinomycètes sont anaérobies tandis que les nocardias (à l'instar des streptomycètes qui leur ressemblent) sont aérobies.

Sommaire

    * 1 Actinomycose
          o 1.1 Écologie, rôle pathogène et épidémiologie
          o 1.2 Caractères bactériologiques
                + 1.2.1 Morphologie
                + 1.2.2 Culture en anaérobiose
          o 1.3 Diagnostic
          o 1.4 Traitement
    * 2 Nocardioses
          o 2.1 Écologie, rôle pathogène et épidémiologie
          o 2.2 Caractères bactériologiques
                + 2.2.1 Morphologie
                + 2.2.2 Culture
                + 2.2.3 Diagnostic
                + 2.2.4 Traitement
    * 3 Principaux genres
    * 4 Références


Actinomycose

Écologie, rôle pathogène et épidémiologie

Actinomyces israelii est l'agent de l'actinomycose humaine, il est assez proche mais distinct d'actinomyces bovis, agent de l'actinomycose bovine. A. israelii est normalement présent comme commensal de la bouche (surtout tartre dentaire), au niveau des amygdales et dans l'intestin.

L'infection endogène due à sa pénétration dans les tissus provoque des abcès indurés subaigus ou chroniques, dont le centre se nécrose et dont le pus ainsi formé finit par s'éliminer par une ou plusieurs fistules. La localisation peut être cervico-faciale (plus ou moins 45 % des cas, surtout joues et tissus sous maxillaires), abdominale (plus ou moins 25 % des cas, surtout du coecum), pulmonaire (plus ou moins 20 %) ou variée (notamment glandes lacrymales).

La caractéristique principale de ces suppurations est la présence de petits grains jaunâtres. Dans les lésions fistulisées, il y a généralement surinfection par des coques anaérobies, des staphylocoques ou des petits bacilles Gram négatifs appelés Actinobacillus actinomycetemcomitans.

Caractères bactériologiques

Morphologie
Dans le produit pathologique, on ne trouve l'actinomyces que dans les grains. Ceux-ci, écrasés entre lame et lamelle, se révèlent constitués d'un feutrage de fins filaments ramifiés se terminant en périphérie par des renflements en massue. Au Gram, les filaments sont Gram positifs, les massues Gram négatives.

Dans les préparations faites à partir des cultures, on trouve des fragments de filaments de longueurs très variables, beaucoup de formes bacillaires et on recherche les formes bifurquées.

Culture en anaérobiose
    * Sur gélose au sang, il y a développement lent (5 à 15 jours) de petites colonies blanchâtres, rugueuses et avec des prolongements en pattes d'araignées (plus lisses pour A. bovis qui est d'ailleurs plus tolérant pour l'oxygène).
    * En milieu liquide, on peut voir de petites sphères floconneuses.

Diagnostic

Il faut soigneusement rechercher les grains jaunes qui peuvent être très petits et rares (surtout quand il y a surinfection). Faire couler lentement le pus le long de la paroi du tube ou d'une boîte de Pétri en le regardant à la loupe. Les examens doivent porter sur ces grains écrasés : examen microscopique et culture.

Traitement

Pénicilline, sulfamidés et tétracyclines sont relativement actifs mais le traitement doit être prolongé et s'accompagner au besoin de drainage chirurgical.

Nocardioses

Écologie, rôle pathogène et épidémiologie

Nombreuses espèces saprophytes, surtout telluriques. Quelques unes peuvent provoquer des infections, notamment :

    * Nocardia astéroïdes qui provoque assez rarement des infections pulmonaires pseudo-tuberculeuses surtout chez des individus atteints d'emphysème ou de bronchiectasies. On le retrouve également dans des abcès cérébraux.
    * Nocardia brasiliensis, nocardia madurae,... se partagent avec des champignons vrais (Monosporium apiospermum), l'étiologie des mycetomes ou maduramycoses : abcès sous-cutanés, granulomateux, chroniques, survenant surtout aux membres inférieurs, dans les régions tropicales (Indes, Amérique du Sud). Le pus contient des grains de couleurs variables d'après les espèces (blancs, jaunes, rouges, noirs).

Caractères bactériologiques

Morphologie

Filaments de longueur très variable, parfois très courts (bacilloformes), plusieurs espèces sont partiellement acido-résistantes (difficulté du diagnostic différentiel de la tuberculose en cas de nocardiose pulmonaire).

Culture

Développement lent (2 à 4 semaines) de colonies rugueuses, plissées, souvent pigmentées.

Diagnostic

Examen microscopique et culture. (Recherche des formes bifurquées).

Traitement

Le même que celui de l'actinomycose.

Principaux genres

    * Actinomyces
    * Arthrobacter
    * Corynebacterium
    * Frankia
    * Micrococcus
    * Micromonospora
    * Mycobacterium
    * Nocardia
    * Propionibacterium
    * Streptomyces


Références

    * E. Stackebrandt, F.A. Rainey, N.L. Ward-Rainey, Proposal for a new hierarchic classification system, Actinobacteria classis nov. Int. J. Syst. Bacteriol. (1997) 47:479-491. Résumé

Publié dans La vie du sol

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